J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015
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LECTURES SENTINELLES | 2023 | Neige SINNO | TRISTE TIGRE

 

TRISTE TIGRE NEIGE SINNO  PEINTURE

Il y a des livres qu'on attend presque toute une vie... celui-ci en fait partie. C'est pourquoi je l'accueille dans mes Livres Sentinelles . Il me redonne le goût d'aborder les sujets difficiles dont personne ne veut garder longtemps la mémoire. Une sorte de déni collectif  qui emprisonne dans le silence et la honte des millions d'enfants filles & garçons annexé.e.s physiquement et mentalement par des adultes,afin d'assouvir leurs besoins sexuels souvent indissociables de leur propension à la domination. Neige SINNO n'écrit pas pour se sauver de l'inceste. Elle écrit pour que celui-ci entre en Littérature sans paravent, aux yeux de tout le monde, afin que la chape de plomb soit à nouveu soulevée et l'hypocrisie dénoncée. Elle n'est ni la première ni la dernière, à se lancer dans ce défi de salubrité publique. Désormais, les prédateurs sexuels hommes ou femme sur mineurs ne sont plus protégés, ils sont débusqués et c'est d'abord une bonne nouvelle. C'est même une prise de conscience  à condition de comprendre ce qui se passe réellement dans la vie des familles et dans les insitutions qui ont vocation à former la jeunesse, sans pour autant  basculer dans l'inquisition et la suspicion systématiques. Depuis la chanson de Barbara en passant par les premiers livres de Christine Angot ou ceux plus récents et médiatisés, des femmes sortent du silence et dénoncent les abus . Neige SINNO va plus loin, elle dit en quoi les blesssures sont lisibles et parlent d'une réalité que l'on ne peut plus occulter.

 

Quatrième de couverture :

 

J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume

de la littérature m'accueillerait comme n'importe

lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais

même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur

de l'abjection. La littérature  ne m'a pas sauvée. Je ne

suis pas sauvée.

 

Extrait poétique 

 

Pour moi, l'enfance reste ce pays aux noirs matins de soleil, comme dans le poème d'Alejandra Pizarnik .

Je me souviens de l'enfance

Quand j'étais une vieille femme

Les fleurs mouraient entre mes doigts

Parce que la danse sauvage de la joie

Leur détruisait le coeur

 

Je me souviens des noirs matins de soleil

quand j'étais enfant

cétait hier

Mais il y a des siècles

 

 

 

Neige SINNO, Trise tigre

P.O.L  2023

 

 

 

 


ETATS DES YEUX | Septembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 39

JOURNAL D'AUTOMNE  

Texte & Une photo par jour

 

 

Semaine 39- Année XXIII - Lundi 25 Septembre 

 

Timbre La Digoinette 001


"Avoir la tête dénuée de doutes" c'est une phrase relevée sur une image de danse où l'on voit des personnes immobiles de type asiatique, yeux clos, concentrées sur leur gestuelle prête à investir la scène collective de danse. Je comprends qu'il s'agit d'une ascèse, d'une discipline consentie qui demande des années de pratique et sans doute de souffrances intermédiaires dont le doute. La plupart des gens sont incapables de parvenir à cette finalité que j'imagine flottante et aléatoire. L'image dit que c'est possible et elle est harmonieuse, apaisante même. Est-ce que la littérature permet d'accomplir cette ascension vers l'absence (même temporaire) de doute ? Est-ce que le doute finalement n'est pas l'abstention ? Un certain silence intérieur qui force l'extérieur au même silence ? Comme un film invisible, une paroi protectrice insonorisante ? Quand j'écris, j'ai l'impression de tisser cette membrane fragile , elle se déchire facilement... Quand je lis, l'ai l'impression qu'elle s'étend à l'infini et que j'y perds les repères qui jalonnent les certitudes. L'autre doute et fait douter, sauf quand il danse comme un derviche... faisant lever l'air en tourbillon ascensionnel. Jusqu'où le suivre ?

Semaine 39- Année XXIII - Mercredi 27 Septembre 

 

 

Les bons livres affluent dans mon giron. Une brassée plus qu'une poignée... Des livres attirants et un peu invasifs que je tente de calmer dans leur piles éparses et silencieuses. Les nommer ne suffit pas, je vais en parler au fur et à mesure avec des priorités. Ceux qui n'ont pas tenu leurs promesses seront mis de côté sans mépris. Lire quelqu'un.e n'est pas une obligation mais c'est un privilège. Je vois la personne avant tout, et l'effort qui a été consenti pour ce "don de temps" dont parlait Bernard Noël ce grand écrivain qui était aussi poète et un peu visionnaire. Il a inventé la notion de "castration mentale" dont nous pâtissons de plus en plus dans un monde dérégulé et décervelant. Son oeuvre est pour moi poétique, politique et philosophique. Son intelligence sensuelle et sociale a peu d'équivalent parmi nos contemporains. Son oeuvre n'en  finit pas de me toucher. J'ai la nostalgie de sa voix, de ses paroles toujours adossées à l'intériorité confrontée au réel, de sa présence tremblée si incisive, mais en douceur. Ses mails nocturnes de réponse à l'inquiétude des ami.e.s proches ou lointain.e.s pendant les dernières années si pénibles, les traces innombrables qu'il a laissées de ses relations sincères et multiples, son regard de vieil enfant incrédule. Son courage devant la maladie. Je n'avais pas prévu de parler de lui ici et cette irruption me plaît. Pour en savoir plus, je recommande la fréquentation de l'Atelier Bernard Noël , orchestré par Nicole Burle-Martellotto, site où l'oeuvre et les témoignages , les documents d'archives sont recensés en permanence  et commentés par l'immense communauté amicale non réduite à l'espace hexagonal. On peut également approcher sa bibliographie et entendre sa voix sur le site de son éditeur (non principal) P.O.L . Bernard a beaucoup soutenu les petits éditeurs et notamment Fata Morgana. Ses poèmes sont des sentinelles pour moi.

 

BN poèmes 1 001

 

Extrait de poème 1 publié en 1983 chez Flammarion  p.25

 

Je survis à force de racines. La chair aurait déjà coulé

comme une terre grasse, mais les nerfs la retiennent, 

Les nerfs végétatifs. Les autres sont usés. Quelle floraison

blanche autour des os, ave d'épaisses touffes flexibles qui

se nouent, tandis que pâlissent les algues que de longues 

marées viennent plaquer  contre les dernières vertèbres.

L'eau est lourde et amère. Ma soif dévale le canal de la

moelle, roulant tout l'imbuvable qui racornit ma gorge.

Le silence plane entre les épaules et la mer, c'est le

prélude à une nouvelle aspiration des profondeurs. L'oeil

cherche de nouveaux domaines dans la région du coeur; 

mais tout végète. Les orbites ont blanchi. Il n'y a plus ni

paupières ni larmes. Le sang s'est retiré. Les poumons

ne sont que des mottes de bulles. Pourquoi penser ? si

le cerveau venait à s'allumer, il y aurait encore de la

suffocation, puis du vertige et puis la succion interne.

Tout ce calme est un piège. [...]

 

J'aime le relire et en parler. Je retrouve cette note :

« Un écrivain peut faire semblant de tout, mais est-il  encore un écrivain s’il ne tient pas son semblant pour rien ?  N’en va-t-il pas de même de l’amour ? » 

B.N   Le 19 octobre 1977 – textes - Flammarion

Bernard Noël a glissé d’un livre à l’autre, d’un texte à l’autre, d’un mot à l’autre, il a kiffé les dictionnaires, ces livres fous pour fous de sens, il n’a pas pu s’en empêcher. Quand c’était trop dur, il a cessé d’écrire. Du tout au rien. Il a parcouru sa propre pente en souriant.  Il nous laisse tout ou presque. Il a glissé dans la lumière blanche du néant hypothétique, mais son regard est encore visible. Ses yeux n’ont jamais chômé, ils ont glissé d’un visage à l’autre, peut-être d’un mirage à l’autre. Il n’y a pas eu de miracle, tout était déjà contenu dans l’enfance. Le reste n’a été qu’étonnements et  Il a voulu conjuguer tous les pronoms de la langue maternelle. Il a eu du mal avec le «nous», mais il a glissé dans l’amitié avec conviction et  parfois inquiétude (on les perd tous et toutes n’est-ce pas?), il  est parfois tombé de haut, certains mots glissés dans son  oreille ou l’abus de certains silences l’ont blessé, il a archivé, il a glissé hors de l’amertume, il a continué à accueillir la parole de l’Autre, dans le tout-venant, glissant d’une parole à l’autre, d’une écoute à l’autre, quand on aime on ne compte pas... Il n’a pas vu le temps s’écrouler sous la voûte de son crâne, il  disait:

J’écris sur la pente d’une prairie

Attention, tu vas attraper un rhume

je cours

l’air est vide sans danger

tout à coup une buée blanche

trop tard, ma tête dedans

et le rhume dans ma tête

Et moi je glisse d’un paragraphe à l’autre.  Je joue à glisser plus vite. L’exercice m’amuse.

Vous êtes malade

Non, j’étais fou.

C’est une maladie comme une autre.

Je ne m’en plains pas.

La glissade dans les images est une cavalcade. Une chevauchée fantasque. Une glissade dans les mots permet de changer d’air. Ce n’est pas toujours réussi mais ça console un peu de ne rien pouvoir ralentir dans les pensées du jour.

 

*

Semaine 39- Année XXIII - Jeudi 27 Septembre 

 

L'enfant du mercredi vient de repartir à l'école à pied, cartable au dos accompagné de son papy. Le réveil est toujours trop précoce, mais il s'adapte à ce rythme en économisant ses mouvements. Il me fait penser à un petit panda étonné qu'on réveille à tort. Le moment du petit-déjeuner est comme une fenêtre qu'on ouvre lentement, volet par volet, avec la perception de redécouvrir le monde, ne serait-ce que sa proximité. Ce matin, il regarde ses dessins, accrochés au mur, une longue fresque au feutre rouge qui représente une cité imaginaire dont les bâtiments sont tous reliés et où sont répétées des croix qui ne sont pas commentées spontanément. Il n'est pas élevé dans la religion mais l'un de ses meilleurs copains est tombé amoureux de la cathédrale Notre-Dame, ils en parlaient souvent à une époque. Ce qui frappe dans ces dessins de 2020 et 21, c'est la solidarité des bâtiments et l'importance des passerelles. On y voit une sorte de château-fort dont les remparts auraient été dépliés et déposés à plat... Les feuilles en format A4  sont scotchées les unes à côté des autres. Il n'y a plus de place pour en rajouter. C'est un sujet de discussion et d'attendrissement. Les dessins d'enfant sont des trésors qu'on jette généralement un peu trop vite. Les garder longtemps au mur permet de voir passer le temps et de le commenter avec tendresse. On sait qu'un jour, il faudra les enlever... On n'est pas pressé. L'enfant empile des dessins et des centimètres, le voir grandir est émouvant. Son langage est de plus en plus élaboré et ses avis plus tranchés. Quand je me plains parfois de son insolence (encore gentillette), il me dit : - Tu as de la chance mamie, tu verras à 12 ans, ce sera pire... Je réponds qu'il me restera toujours la possibilité de te mettre à la porte, oui mais... gentiment... Grands éclats de rire... Un enfant d'aujourd'hui est un peu différent d'un enfant d'hier dans ma génération qui a connu les trente glorieuses et la prospérité. Le monde autour est plus effrayant et hostile. Le cocon familial et scolaire est percé de menaces que les adultes ne savent pas bien gérer ni accompagner. Les dessins montrent tout cela . Un dessin  sanglant sur la mort de Samuel Paty nous avait particulièrement impressionnés. Longtemps des dessins d'incendie et d'explosion guerrière ont rempli des pages et des pages  avec des systèmes de protection, des sous-marins de plus en plus sophistiqués. Quelques dessins sur le COVID qui montraient le méchant virus et la machine pour le détruire. De petits bonhommes d'allure rudimentaire occupaient chacun des postes précis et la limite entre le dehors et le dedans était bien marquée. Au sortir de l'école maternelle le coloriage est devenu superflu, seules les mises en scène semblaient maintenant compter, et elles étaient très bavardes. Le goût du dessin s'est estompé peu à peu au profit de la lecture qui est devenue permanente et massive. Sur les dessins, le monde des figurines Minecraft relié à la Switch Nintendo a pris le relais - une heure par jour et pas avant de se coucher- Les cartes Pokémon semblent s'éloigner, un plein carton de chaussures au décor remastérisé contient les doubles... Il est temps d'arrêter la collection. La musique est entrée en scène, piano, solfège et déjà les premières improvisations rigolotes ( tant pis pour les voisins ?). L'enfant grandit sous nos regards bienveillants et émerveillés. Un privilège cela aussi. 9 ans déjà, une éternité de tendresse ...

 

La Cité Rouge 2021 APJLa Cité Rouge  (c)

 

Semaine 39- Année XXIII - Vendredi 29 Septembre 

La tenue d'un Journal comme celui-ci ressemble à l'égouttage des pâtes dans une passoire... Il ne faudrait retenir que ce qui se mange des yeux et ne pas trop attendre pour avaler ce qui semble nourrissant. L'eau des mots s'enfuit directement dans les canalisations de la mémoire morte et le filtre de la bonde évite les gros morceaux, heureusement il y en a peu, tu fais attention.

La sensation de gavage vient vite et ça te fait sourire. Changement d'emploi du temps depuis quelques jours. Rééquilibrage. Plus de dedans, moins de dehors. Du temps à soi pour ralentir et vaquer en rêvassant aux gestes  d'une maisonnée ordinaire. Eplucher, sectionner et faire cuire les carottes à la vapeur, les filets de cabillaud à la suite...  Mettre le couvert pour deux. Les tâches bien réparties. Lui la vaisselle chaque matin et un peu de balayage, toi la cuisine et la lessive, lui la bagnole et toi les draps, un peu de repassage et les rangements, en commun les livres, chacun ses piles, sa logique de stockage. Les retrouvailles rituelles matin midi soir. L'indépendance en journée. C'est la vie hors vacances et présences familiales. La présence de l'enfant le mercredi jusqu'au jeudi matin  est un rayon de soleil  qui  ajoute sa lumière à la nôtre. Tu trouves ta vie apaisée depuis que les contraintes professionnelles et parentales n'accélérent plus vos pas. Tu peux respirer plus amplement et élargir tes regards. Tu peux penser ta vie, la calibrer à ta convenance et surtout réfléchir à ce qui te convient ou pas.  Encore un privilège. Tu regardes des émissions documentaires ou littéraires tard, sans aucun souci de réveil imposé le lendemain matin. Curieusement, cela ne change pas ton horaire de lever. Ta grande fatigue des années laborieuses a disparu. Et même si ton corps a perdu de ses capacités motrices, le manque de sommeil n'est plus d'actualité. Tu dors moins longtemps et mieux depuis que les douleurs arthrosiques et diverses sont devenues plus intermittentes et moins invasives. Tu savoures chaque répit. Ta santé est tombée dans l'escarcelle des prescriptions en tout genre, tu fais le tri  là aussi.  

 

 

 

 

 

 

 


ETATS DES YEUX | Septembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 38

 

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JOURNAL D'AUTOMNE  

Texte & Une photo par jour

 

 

Semaine 38 - Année XXIII - Lundi

Tu as laissé filer les jours. Mais ta tête n'a cessé de mouliner les mots comme dans un boulier de loto. Faute de pouvoir faire une sélection qui te convienne, tu as repris des contacts, rédigé des mails, une lettre importante et commencé à lire les nouveaux livres de la rentrée littéraire, ceux qui ont réussi à franchir la barrière de tes choix et de tes attirances. Encore une fois, tu t'approches des livres à l'intuition, avec un éclectisme qui n'a même pas besoin de se justifier. Tu lis pour nourrir ta pensée  avec des choses assimilables dans une langue claire et réfléchie. Tu ne lis pas pour te distraire, tu lis pour apprendre quelque chose que tu ne sais pas, ou pas suffisamment. Tu lis pour comparer les façons d'utiliser ta langue maternelle et les vocabulaires. Tu t'acclimates à la modernité qui est parfois déroutante et même décevante, mais tu fais confiance à l'intelligence et au discernement des auteur.e.s. Tu sélectionnes les plus crédibles quitte à ne rester que le temps d'un ouvrage dans leur microcosme et leurs préoccupations. Tu regardes et écoutes certaines émissions littéraires et tu attrapes au passage des références bibliographiques que tu notes pour plus tard. Tu commandes tes bouquins régulièrement à tes libraires ou attrapes sur leurs étagères, ce qui est prioritaire pour ton plaisir de lectrice. Tu n'achètes que ce qui vraiment sort du lot ( selon tes critères) pour des raisons qui ne sont pas du ressort des influences assenées par  les éditeurs ou les libraires (même les plus passionné.e.s). Tu te sens libre de cheminer dans des circuits buissonniers de l'offre littéraire.  Tu aimes la saveur des découvertes inédites. La littérature portée par des vivant.e.s. Tu aimes écouter les entretiens, les reportages sur la vie des écrivains et des poètes, des artistes peintres ou sculpteurs également. A l'âge où tu es parvenue, tu te sens dégagée des injonctions et des recommandations pressantes du système culturel marchand dominant et changeant. Tu recherches la rencontre vivante, l'authenticité et le sérieux des propositions mises en ligne sur internet. Tu préfères la qualité à la quantité. Tu te défies de celles et ceux qui veulent à tout prix se mettre en avant pour occuper l'écran dans des stratégies de visibilité personnelle de plus en plus décomplexée. Tu t'interroges sur ta propre démarche car tu n'as pas encore bien clarifié ce qui pourrait la contenir, au sens de la délimiter. La littérature est un  vieux continent qui ne cesse de se transformer, une colonie de termitières qui ne voit pas qui la commande de l'intérieur et qui travaille sans relâche en recyclant ses trésors.

 

La pluie d'automne et les brumes sont arrivées. Entre le monde et toi il y a cette fenêtre, des baies vitrées, des livres et des objets familiers. Tu cultives ta solitude et les moments conviviaux que tu acceptes en évitant les foules anonymes et les ambiances saturées de lumière et de son. Tu ne sors pas tous les jours. Tu obéis à une horloge intérieure qui te dicte le dosage de lumière extérieure et de verdure rassurante. Tu vis de plus en plus dans ta tête comme dans une montgolfière qui circule au dessus des contingences et des craintes ordinaires face aux périls planétaires. Tu ignores jusqu'à quand cette indépendance te sera accordée , c'est pourquoi tu la savoures, heure après heure.  Ton corps est moins exigeant, tu prends moins d'antalgiques, mais tu es contrainte à un suivi et à des prises de médicaments que tu trouves intrusifs. Tu ne sais pas si tu mourrais plus vite en ne les prenant pas. Tu essaies d'oublier la question en songeant à tous ceux et celles qui ne peuvent pas se soigner. C'est une injustice qui te taraude... L'arrivée de nouvelles vagues migratoires à Lampedusa  ravive ta colère. Elles rappellent l'iniquité du partage des richesses et de la sécurité. Comment éviter ces exodes suicidaires et exploités par des marchands irresponsables. Comment calmer l'illusion d'eldorado et rétablir l'ouverture des frontières pour éviter les barbelés et les soldats ?


ETATS DES YEUX | Septembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 37

 

LA SOCIETE SECRETE DES MARCHEURS

JOURNAL D'AUTOMNE  

Texte & Une photo par jour

 

 

Semaine 37 - Année XXIII - Mardi

L'inutilité des accumulations quelles qu'elles soient contredit le besoin qu'on en a pour garder le sentiment d'exister et surtout de durer. L'accumulation des notes écrites et des photographies sur ce support immatériel débouche sur la même contradiction. L'écriture déborde de partout et la photographie l'engrosse perpétuellement. D'où vient probablement mon goût pour l'arrêt sur image et le propos qui en découle. Imprévisible.

 En cela , je me reconnais dans certains personnages du livre offert à son père,cet été, par notre plus jeune fils. Je viens d'en terminer la lecture avec un double sentiment de plaisir et d'ambivalence. Le titre plutôt long attire l'intérêt et intrigue : La société secrète des marcheurs solitaires. L'auteur Rémy Oudghiri, sociologue, se décrit étudiant fictif ou réel, exilé à Paris et nostalgique de son enfance à Casablanca. Il entreprend une enquête à partir d' une question qui le taraude. A quoi peut servir la marche dite au hasard ? Celle qui ramène aux origines ou ailleurs, en passant par l'inattendu. Qui la pratique et pourquoi ? Fait-il partie de cette sorte de marcheurs et qu'en conclue-t-il pour lui-même et quelques autres ? Le livre n'a pas été choisi au hasard, car il s'adresse à un homme qui est toujours dehors, qui ne dit pas où il va et ce qu'il voit, sauf quand on le questionne. Il roule plus qu'il ne marche depuis l'adolescence et il aime lire dehors. Double éloignement qui est une errance dirigée. Des retours à heures fixes empêchent l'inquiétude. Le rituel se répète chaque jour, auquel s'adjoignent des corvées de courses alimentaires ou d'autres missions liées à l'intendance de la maisonnée. Ce sont de véritables escapades qui deviennent parfois des randonnées quand des proches les organisent. Le vélo en ville, bien que dangereux permet de sillonner les rues et les quais, source d'images toujours nouvelles et parfois familières. La médiathèque est une étape prisée. L'errance continue dans la lecture...

 

 

 

 

Semaine 37 - Année XXIII - Mercredi

POSTE RESTANTE

Tu essaies de canaliser le foisonnement des sollicitations verbales autour de toi. Elles sont plus virtuelles que réelles puisque c'est toi qui ouvres les vannes numériques chaque matin. Lire te fait écrire et écrire accentue ton désir de lire. Tu acceptes mollement le principe d'alternance entre conversations réelles et échanges à prétentions littéraires sur le web. L'usage de la langue n'a pas la même densité dans chaque espace et cela conditionne ta respiration mentale et physique de manière subtile.Tes pensées déambulent comme dans une maison encombrée ou en travaux,  lors d'un déménagement qui s'éternise. Tu visualises la superposition des cartons de livres, dont te parle ta grande Amie Angèle Paoli. Pendant l'été saturé de présences familières, vous n'avez pas eu le temps de reprendre votre échange épistolaire. Tu lui dois une réponse et tu la savoures à l'avance. Sa lettre précédente encore non publiée est un trésor tenu près du coeur. Tu aimes le ralentissement des actes de connivence malgré le fort sentiment de fuite de nos temps de vie. C'est l'inattendu de l'arrivée d'une lettre que tu guettes.

 

L'ENFANT  DU MERCREDI

Il reprend ses marques - les petits rituels dans sa chambre où on a évacué des archives de jouets, rangé la bibliothèque de bandes dessinées ou de livres jeunesse, mis en place un petit bureau de bois clair. On a gardé le château-fort, impeccablement ordonnancé, pas de guerre pour l'instant. Juste ce qu'il faut de place pour écrire les mots d'une dictée de CM1 qui parle de salle de bains et de soeur qui veut prendre sa douche. L'enfant joue le jeu et accepte de corriger ce qui cloche, très peu de chose en fait : deux à prépositions à prendre en compte, un accent aigu et un autre circonflexe dans le mot "démêler". Pas de quoi fouetter un chat. Il a déjà rédigé trois textes libres où les fautes sont plus nombreuses, mais l'imagination est là, elle s'exprime facilement. Les formulations sont parfois drôles... De dire par exemple pour se présenter : J'ai zéro frère et soeur !  

 

PASCAL QUIGNARD

Il y a longtemps que tu le lis - ses textes érudits et très élaborés t'obligent à changer ta manière d'engranger les mots - tu le lis lentement et ne crains pas de buter sur des formules latines dont il aime truffer ses pensées. Il voyage dans la littérature  avec des prédilections pour les écrits anciens et la musique où le silence  est roi . On se perd facilement dans ses évocations qui prennent allure de sentences douces ou d'allégories gourmandes. Il n'est pas d'ici et de maintenant. Tu ne serais pas étonnée de le voir vêtu d'habits en grosse laine écrue et vêtu de sandales en cuir à laçets... C'est un écrivain du lieu Jadis... Tu as hâte d'entendre sa voix dans l'émission de ce soir à la Grande Librairie. Chacune de ses apparitions et son regard bleu perçant te fascinent. Tu viens d'acquérir LES HEURES HEUREUSES dont il parlera ce soir (XIIeme volume du Royaume).

 

Semaine 37 - Année XXIII - Vendredi

 

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ACCUMULATIONS

L'écriture ne peut absorber tout ce qui s'est passé ou dit depuis mercredi. Deux fois le même personnage dans le dernier rêve des deux nuits successives et c'est cela que tu retiens. Cela parle de séparation et de mort mal vécue. Hier, anniversaire des obsèques de M.L.   à  JUJURIEUX. Trois ans déjà. Manque de temps pour mouliner les choses à dire ici dans une forme satisfaisante.

 

 

 


ETATS DES YEUX | Septembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 36

 

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JOURNAL D'AUTOMNE  

Texte & Une photo par jour

 

Semaine 36 - Année XXIII - Samedi

L'habitude d'écrire tous les jours est prise. Je n'ai jamais voulu rédiger un journal jusqu'ici. L'écriture est entrée dans ma vie par de petites portes discrètes. A considérer le nombre de notes griffonnées dans des carnets ou des cahiers successifs, je ne peux qu'admettre leur place de plus en plus visible, témoignant pingrement de ma vie passée et actuelle dispersée dans mes cartons de rangement. Je les garde à l'abri pour l'instant. J'en relis  quelques uns parfois, pour le plaisir d'en avoir oublié le contenu, j'aime leurs contenants choisis par coups de coeur et opportunités.  De petits carnets souples ou cartonnés, de rares cahiers, des  demi-feuilles volantes glissées dans des enveloppes. J'aime écrire à la main, même maladroitement, je suis une gauchère empêtrée et crispée. Je me sens obligée de repasser à l'encre sur les lettres lorsqu'elles sont trop informes. Quelqu'un m'a dit un jour que je faisais beaucoup de brouillons.  A cette époque je prenais de nombreuses notes pour mieux écouter et observer les gens.  Je ne restituais que ce qui me paraissait présentable. Double écriture, double peine...Un droitier qui n'avait sans doute aucune idée de mes efforts de gauchère pour présenter une graphie lisible soulignait ma différence. C'était sans doute un reproche à peine voilé. Pour écrire lisible il me faut du calme et du temps. Je n'aime pas précisément ce qui est brouillon et négligé. J'apprécie les belles écritures. Je les envie. J'alterne désormais  écriture à la main et écriture numérique au clavier avec un réel plaisir. L'écriture en caractère Georgia italique me plaît.

Aujourd'hui, les changements imposés par la vie me donnent envie d'explorer les possibilités d' exprimer ce que je pourrais appeler, si le mot n'était pas trop pompeux,  une quintessence de mes traces graphiques.  En formulant cela , Je pense davantage à l'extraction d'une huile  mentale essentielle aux pouvoirs identifiés et répertoriés. Mais j'ai conscience qu'il faut  que  "L'écriture ou la vie"   dont parlait Jorge SEMPRUN ,ne se fasse pas querelle. Je partage son idée qu'il faut du temps avant de parvenir à les relier, comme on assemble prudemment des éléments naturels dans un alambic. Ce n'est pas une décision anodine. Elle engage quelque chose de soi dont on ignore tout au moment où l'on passe à l'acte.

 

***

EVENEMENTS

J'apprends incidemment, un tremblement de terre au Maroc et je ressens son onde de choc moral pour tous ceux et celles qui se sentent concernés par l'augmentation de fréquence des catastrophes naturelles. Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour s'identifier immédiatement aux victimes, à leurs paniques, à leurs cris de détresse et à toute la confusion qui va suivre. Il faut des gens pragmatiques et courageux pour faire  face à de tels drames. Il y en aura certainement de disponibles dans les jours qui viennent. Rester à l'écoute des demandes, envoyer un peu d'argent ? Quoi faire de plus ? En lisant la presse, je vois que l'empathie se manifeste et cela me rassure provisoirement.  Le centre historique de Marrakech est touché mais  des régions de montagne inaccessibles autour se retrouvent  dans un dénuement plus grand encore. J'ai toujours été abasourdie par cette propension humaine à côtoyer les dangers potentiels en faisant confiance à la chance.  Vivre près d'un volcan ou de toute autre menace plus ou moins naturelle  demande un état d'esprit  très particulier. L'humain supersitieux ou défaitiste côtoie le chercheur prédictologue qui s'ingénie à contrer les forces obscures et véhémentes. Apprendre à ne pas être au mauvais endroit , au mauvais moment peut-il s'enseigner ? Les mouvements d'évacuation me font immanquablement penser à l'exode... J'en fais des cauchemars récurrents dont je connais la provenance. J'imagine tout ce qui percute la sécurité de base des individus ordinaires. Les enfants, les personnes âgées ou vulnérables sont bousculé.e.s, séparé.e.s, parfois délaissé.e.s, comme dans un naufrage où chacun.e veut et ne peut pas sauver sa peau en même temps que celle des siens.  Ahurissement, sidération, terreur, abattement, folie parfois. Et le silence qui suit la déflagration, cette impression de fin du monde, comme une répétition générale localisée...

Souvenir du mini-séisme de 2019, à moins de 200kms d'ici, de la fragilité des maisons, de leurs failles impressionnantes et des éboulements monstrueux  [ séisme de magnitude locale 5,4 et de magnitude de moment 4,9 qui a frappé le centre de la vallée du Rhône et ses alentours le 11 novembre 2019. Son épicentre est situé près de la commune du Teil en Ardèche ]. La vie a repris depuis comme si de rien n'était.  Des échafaudages trônent un peu partout. Beaucoup de bâtiments dont des commerces sont en vente. Le centre ville était déjà  déserté. On ne parle plus de cet épisode aujourd'hui.  Silence étrange. Des gens y vivent, pour la plupart d'origine étrangère, comme résignés ou philosophes. La Centrale Nucléaire est tout près. On ose même pas dire qu'on joue avec le feu...On veut vendre des voitures électriques. C'est la fuite en avant. Carpe Diem mes agneaux !

 

RIEN A VOIR

Hier au soir, très beau match d'ouverture de la coupe du monde de rugby. L'équipe française a gagné face à celle des All Black. Je m'aperçois que cela est dérisoire. Des milliers de spectateurs et spectatrices ont payé, certains se sont grimés, pour assister à l'affrontement brutal et frontal de trente types  hypermusclés se disputant un ballon ovale trempé de sueur. Des gladiateurs rouges et survoltés, dans une cuvette transformée en sauna. Les types ont assuré, c'est sûr, il paraît qu'ils sont bien payés. A la Une , les cocoricos. Le gros titre :   EN MISSION POUR LA GLOIRE ETERNELLE  ! Mon ambivalence face à cette liesse guerrière. Est-ce que ce monde est sérieux ?

 

LETTRES

Je relis de très vieilles lettres conservées et triées par notre père. Il s'était fait un bureau au sous-sol pour examiner ce qu'il avait ramené de sa maison parentale. J'y découvre les préoccupations des années de guerre. Un échange épistolaire à l'écriture dense et encore lisible entre un père voyageur et négociant en vins immobilisé et un fils aîné mobilisé à  l'étranger à qui il prodigue une multitude de conseils. Le courant a l'air de bien passer à cette époque, en dépit des réticences d'une belle-mère jalouse et suspicieuse qui n'a pas pu se faire aimer. Elle est restée venimeuse pendant de longues années à l'encontre des deux premiers garçons de ce père qui l'ont plus ou moins rejetée, acceptant difficilement ce remariage , mais surtout le caractère possessif et hystérique de cette usurpatrice adoubée après une cour épistolaire assidue, par ce veuf esseulé. J'ai connu cette femme, je ne l'ai pas détestée en raison de la tolérance  de notre père à son égard il faisait le médiateur. Elle a bénéficié de l'usufruit de la maison, les trois garçons ont conservé les vignes qui représentaient le lien loyal au père. Tous les ont abandonné à regrets. Toute une histoire...

 

Semaine 36 - Année XXIII - Dimanche

Le goût d'écrire dès le réveil. Je l'accueille comme on dit bonjour à un être familier encore ensommeillé dans un rayon de lumière matinale. C'est le meilleur moment pour laisser filtrer les idées fraîches et reposées, en fait tous les mots qui semblent vouloir prendre place sur l'écran.  J'ai attrapé au hasard dans un sac de promenade un livre dont le titre m'attire  : AVOIR LIEU . Il correspond à mon état d'esprit.  Son auteur Emmanuel MERLE que je connais pour l'avoir croisé de multiples fois dans des événements poétiques régionaux, m'a souvent paru réservé, taiseux, malgré un sourire timide et permanent. Professeur de Lettres je crois, je l'imaginais très doux avec les élèves, les laissant s'exprimer sans renoncer à ses prérogatives d'enseignant. Il fait partie des contemplatifs à la vie intérieure puissante, indécis quant à la vraie nécessité de faire connaître ses pensées intimes. C'est pourquoi  j'ai eu plaisir à acheter son livre sobre et élégant de facture classique, publié à l'Etoile des limites. Ses textes sont magnifiques. La relation père-fils s'invite d'emblée au seuil du livre dans un décor de montagne. Un père redoutable et aimé semble-t-il.  Un père prêt à abattre les chataîgniers qui prennent "la maladie de l'encre". 

En guise d'amorce de lecture, cette note de quatrième de couverture qui m'inspire:

L'air durcissait. Comme toujours nous examinions

les signes, dans la découpe semblable et fractale des pierres du chemin et des cimes,

dans le système changeant des ombres

des nuages. Dans l'augure moderne du vol des oiseaux

et des avions qui, d'en bas, entrecroisaient leurs trajectoires.

Nous cherchions notre place.

La terre est un dos. Nous sentions sous nos pas sa bosse

immense. Tout pouvait commencer du théâtre du monde.

 

        Et sur un marque -page  un court paragraphe d'introduction que je lis comme un signe justement,comme celui de la découverte d'une plume de pie sur notre balcon tout à l'heure :

                                                                                                           

                                                                           Les lieux ont une mémoire.

Non seulement la mémoire

des arbres, des herbes qui les

ont habités, des pierres qui 

ont surgi et qui ont fait

quelques mètres dans la 

pente à l'air libre avant de

s'enfouir à nouveau, mais

aussi des êtres qui les ont

traversés, des êtres sans 

racines, dressés ou courbés

dans le même calcium et le

même carbone.

 

Il sera sans doute question de mort et peut-être de violence voilée dans ce livre , de voyage aussi , au travers de routes qui mènent toutes à des ombres anciennes, à des obsessions sans doute. Même si les paysages sont différents des miens, je sais que je vais retrouver ce qui me préoccupe, et que la langue malaxe partout et sans relâche. Je suis heureuse que ce livre tombe dans mes mains à cette heure précoce de la journée qui va être chaude encore. Les fenêtres seront fermées à la mi-journée, et les stores  seront baissés pour reconstituer la grotte d'écriture dans laquelle je vais essayer de penser et distiller l'écriture. 

 

ATELIER

Je participe depuis deux ans au collectif TIERS LIVRE créé par l'écrivain pionnier du Net François BON. Il donne la possibilité aux abonné.e.s de sa chaîne payante de contribuer à créer des textes destinés à nourrir une dynamique d'écriture en collectif qu'il voudrait proche des workshops  américains. L'idée est aussi de conforter des vocations naissantes d'auteur.e.s avec le soutien d'un groupe d'échanges dédié et privé sur le site TIERS LIVRE. Les contributions individuelles rejoignent à leur rythme le grand flux numérique des réseaux, avec un souci constant de progression et de diversification de l'usage de la langue et des images. Les vidéos y ont une place grandissante. Le vidéo poème est sans doute la forme de Littératube qui m'intéresse le plus en raison de sa concision et de sa créativité artistique. Je me contente pour l'instant d'écrire à partir des thématiques d'exercices proposés hebdomadairement le dimanche, avec une consigne bis le mercredi. Ce sont la fréquence et l'endurance qui conditionnent une certaine constance dans l'effort de concentration et qui peuvent aboutir à une publication selon la consistance du chantier et le désir de le voir aboutir. La principale qualité de ce dispositif , un peu auberge espagnole, c'est qu'il constitue une forme chaleureuse de communauté virtuelle de e-lecteurs et lectrices, ouverte et très active. La difficulté est de ne pas s'en contenter et de s'y enfermer à son insu. Il y a une majorité de femmes dans ces groupes.

 

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